Edouard Martin
Édouard Martin nait en 1963 en Espagne, où il grandit dans une grande famille avant que ses parents, ouvriers, ne viennent s’installer en Lorraine en 1971 au vu de l’activité économique générée par l’usine Sacilor de Gandrange.
Rejeté au début dans cette région qui le traite d’étranger il devient tout jeune le défenseur des plus fragiles et des opprimés, puis se fait respecter adolescent, auprès des bandes de jeunes, dont il devient l’un des meneurs. Une fois son CAP électrotechnique en poche, il est embauché à Florange en 1981, dans l’une des usines sidérurgiques d’Arcelor Mittal. Les blocs d’acier exercent une véritable fascination sur lui, il intègre l’ambiance de travail, s’investit sans compter les heures, lui qui rêvait pourtant de faire carrière dans l’industrie automobile. L’atmosphère particulière qui règne ici, la masse ouvrière et la fraternité qu’elle dégage le passionnent. Il se syndicalise rapidement, et porte la voix de la CFDT bien au-delà des espérances de ses dirigeants.
De tous les conflits, de toutes les crises, d’années en années il devient l’intermédiaire incontournable entre la direction, les ouvriers puis enfin le gouvernement. Grande gueule, infatigable, il siège au comité d’entreprise dès les années 1990. D’actions d’éclat en ennemis jurés, il ne cesse de faire parler de lui et ne s’épargne guère. Lorsque la fermeture des hauts fourneaux est annoncée, c’est toute la région Lorraine qui tremble, et Édouard Martin devient rapidement le leader syndicaliste incontournable pour affronter la direction d’Arcelor Mittal , il mènera tambour battant des actions coup de poing, occupation des locaux, blocage de l’exportation, etc .
Pourtant Gandrange qui a accueilli son père comme des milliers d’autres ouvriers venus croire à l’Eldorado de la sidérurgie ferme en 2009 et Florange ne tardera pas à faire de même. Pendant deux ans ouvriers et syndicalistes s’accrocheront à l’idée qu’il est possible de sauver les hauts fourneaux et de continuer à générer des emplois dans une région déjà bien meurtrie économiquement. Entre-temps Édouard Martin est devenu un personnage incontournable, très médiatisé, charismatique, ne mâchant pas ses mots envers les journalistes, le gouvernement, le fonctionnement de l’état.
Débattant sur l’intérêt de la sidérurgie lorraine, il ne lésine pas à la tâche, il focalise l’attention des médias et des professionnels sur ce métier qu’il connaît et aime par-dessus tout. L’acier de Florange, le savoir-faire de ses ouvriers n’ont pas d’égal sur terre, il entend bien le prouver, et n’hésite pas à ouvrir les portes des usines pour offrir des visites organisées à ceux qui en doutent. Orateur truculent, on lui reproche d’être un peu trop devenu addict à la télévision, à la presse, à la radio. Il est convié sur tous les plateaux pour exprimer les revendications des ouvriers de Lorraine. Les Hauts Fourneaux en sommeil il n’abandonne pas le combat pour autant affrontant ses détracteurs sur tous les fronts. De plus en plus politisé, « récupéré » diront certains, il annonce en 2013 sa participation en tête de liste PS aux élections européennes. Un événement qui est perçu comme une trahison par la plupart des syndicats. Il sera pourtant élu et prendra ses nouvelles fonctions en juillet 2014, entendant bien continuer le combat des salariés, se positionnant sur de nouvelles aspirations, toujours poussé par ses valeurs syndicales de base, dignité, respect, travail.
Un homme avec lequel les pouvoirs publics n’ont pas fini d’en découdre.